J'ai été si souvent consulté, dans ces derniers temps, par des personnes qui déclaraient ne pas savoir comment élever leurs enfants, et, d'autre part, la corruption de la jeunesse est devenue un sujet si universel de lamentations, qu'il me semble qu'on ne saurait taxer d'impertinente l'entreprise de celui qui appelle sur ce sujet l'attention du public et qui propose quelques réflexions personnelles sur la matière, dans l'intention d'exciter les efforts des autres et de provoquer les critiques. Car c'est en fait d'éducation que les erreurs méritent le moins d'être excusées. Comme les défauts qui proviennent de la première cuisson d'une faïence et qui ne sauraient être corrigés dans la seconde ou dans la troisième, ces erreurs laissent après elles une empreinte ineffaçable, dont la trace subsiste à travers tous les degrés et toutes les stations de la vie.
C'est l'éducation qui fait la différence entre les hommes. Même des impressions légères, presque insensibles, quand elles ont été reçues dès la plus tendre enfance, ont des conséquences importantes et durables.