Nicolas Bergère
Description of book
Nicolas Bergère, joies et déconvenues d'un jeune boxeur est un roman de Tristan Bernard publié en 1911.
Extrait
L’ARRIVÉE
| Nicolas Bergère descendit d’un compartiment de troisième classe et prit congé d’un ecclésiastique chenu avec qui il avait voyagé depuis Saint-Brieuc. Ce prêtre donna à Nicolas l’adresse d’une pension de famille, facile à trouver dans la rue de Sèvres. Nicolas Bergère n’était jamais venu à Paris. Mais la rue de Sèvres est tout près de la gare Montparnasse, et les gardiens de la paix sont là pour un coup.
Nicolas venait de tirer ses deux ans à Laval, et la dernière année comme planton du colonel.
Il avait été un planton modèle. Mais, et c’est là l’inconvénient des spécialisations, il avait un peu négligé tout ce qui n’avait pas un lien direct avec ses fonctions de planton. Il se trouvait donc, à sa rentrée dans la vie civile, un peu démuni contre les difficultés de la vie. Il n’y avait plus de place libre chez le fermier qui l’avait employé avant son départ au service. Il ne pouvait rester à la charge de sa sœur, qui avait pris chez elle leur vieille mère. Le mieux était d’aller chercher fortune à Paris, où il trouverait peut-être un emploi de planton civil. Il avait trois cents francs d’économies, un vélo d’une bonne marque. Il débarqua donc, ce matin d’octobre, à la gare Montparnasse, très incertain de son sort, mais assez confiant, et surtout heureux de connaître Paris...|