Nasr'Eddine et son épouse
Buchbeschreibung
Hosséin, le riche marchand de soie du bazar, salua en passant Ahmed-Hikmet, lieutenant dans l’armée ottomane. Celui-ci lui rendit son salut sans morgue, et presque avec déférence :
— La bénédiction sur toi, Ahmed !
— La bénédiction sur toi, Hosséin !
Hosséin, le marchand de soie, est très jeune, très beau et très pieux. C’est lui qui, à Brousse, subvient aux frais qu’exigent les cérémonies des derviches hurleurs, dans la grande maison qu’ils ont louée au-dessus du cimetière. Il prie plus longtemps qu’un iman, et le jeûne amincit ses os. Voilà pourquoi Ahmed avait mis du respect dans son salam. Mais aussi il avait hâté le pas, et regardé en se retournant si Hosséin le suivait des yeux, car il n’eût pas aimé qu’un homme si vertueux sût qu’il allait entrer dans le jardin du hodja Nasr’eddine par la porte de derrière, dans la maison de Nasr’eddine le saint, l’homme sage, juste à l’heure où le hodja n’y était point, et que sa femme était seule.