Le rubis de l’émir
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Extrait
| I
La vieille maison était fermée depuis cinquante ans. À cette époque le propriétaire, Albéric Vaudal de Fougerolles, était parti pour le Mexique où il s’était fort enrichi. De retour en France, il avait marié sa fille unique au duc de la Roche-Lausac et la demeure périgourdine des ancêtres, dédaignée, ne l’avait plus revu.
Elle datait de 1715, ainsi qu’en témoignait le millésime inscrit au-dessus de la porte cochère. Construite en solide pierre de taille, elle dressait sa belle façade un peu noircie par les siècles dans l’étroite rue de la Pierre-Percée, qui avait été la rue aristocratique de cette petite ville de Montaulieu, autrefois centre assez important de la région. Les Vaudal de Fougerolles, bonne famille de robe, y occupaient une situation prépondérante. Aujourd’hui encore, un de leurs descendants, Rémy de Grelles, y habitait, dans un logis situé en face de celui qu’on appelait toujours l’hôtel de Fougerolles.
Il était d’apparence plus modeste et moins ancienne que son vis-à-vis. Une cour sablée, fermée par une grille, le séparait de la rue. À droite se trouvait un garage où M. de Grelles remisait sa petite voiture, à gauche un bâtiment dont Laurent, son fils, avait fait son atelier.
Le commandant de Grelles, officier d’artillerie, blessé en 1917 et devenu veuf peu après, s’était retiré dans cette demeure où il vivait en une relative aisance. Laurent avait établi aux environs une fabrique de poteries artistiques dont il composait les modèles. Cette famille, de vie très digne, continuait d’exercer une certaine influence dans le pays.
Or, un matin de mars, Louisette, la jeune servante, entra tout agitée dans la cuisine où Meryem, la fille du commandant, confectionnait un plat pour le déjeuner...|