Sous le Soleil de Satan
Buchbeschreibung
Sous le soleil de Satan est le premier roman publié de Georges Bernanos. Il paraît pour la première fois aux éditions Plon en 1926.
« Furieux rêve » né de la Grande Guerre, Sous le soleil de Satan présente l'ensemble des personnages et situations qui font la marque de l'œuvre bernanosienne. Autour du personnage central de l'abbé Donissan, jeune prêtre tourmenté par l'impiété de sa paroisse et par le sentiment de son incompétence, une galerie de personnages brûlés par la souffrance et le mal. Mouchette, jeune fille broyée par le mal et devenue, après une rencontre de l'abbé Donissan avec le diable une nuit sur un chemin creux des monts d'Artois, la sœur que Dieu lui donne, est une des figures les plus troublantes de l'œuvre romanesque de Bernanos.
|Wikipédia|
Extrait
| Le village de Campagne a deux seigneurs. L’officier de santé Gallet, nourri du bréviaire Raspail, député de l’arrondissement. Des hauteurs où son destin l’a placé, il contemple avec mélancolie le paradis perdu de la vie bourgeoise, sa petite ville obscure, et le salon familial de reps vert où son néant s’est enflé. Il croit honnêtement mettre en péril l’ordre social et la propriété, il le déplore et, se taisant ou s’abstenant toujours, il espère ainsi prolonger leur chère agonie.
« On ne me rend pas justice — s’est écrié un jour ce fantôme, avec une sincérité poignante — voyons ! j’ai une conscience ! »
Dans le même temps, M. le marquis de Cadignan menait au même lieu la vie d’un roi sans royaume. Tenu au courant des grandes affaires par les « Mondanités » du Gaulois et la Chronique politique de la Revue des Deux-Mondes, il nourrissait encore l’ambition de restaurer en France le sport oublié de la chasse au vol. Malheureusement, les problématiques faucons de Norvège, achetés à grands frais, de race illustre, ayant trompé son espoir et pillé ses garde-manger, il avait tordu le cou à tous ces chevaliers teutoniques, et dressait plus modestement des émouchets au vol de l’alouette et de la pie. Entre temps, il courait les filles ; on le disait au moins, la malignité publique devant se contenter de médisances et de menus propos, car le bonhomme braconnait pour son compte, muet sur la voie comme un loup. ..|