La Madrivore
Plongée dans le cynisme scientifique
Om bogen
Un roman à l’écriture acérée.
Que faire des cadavres, des restes du passé ? C'est une question que pose ce roman, et à laquelle il répond se donnant pour titre le nom de cette effroyable plante imaginaire : la madrivore.
Le roman se divise en deux récits qui se déroulent chacun à une période différente. Le premier a lieu au début du XXe siècle, plus exactement en 1907, dans la clinique de Temperley, dans la banlieue de Buenos Aires. Plusieurs personnages interviennent, des médecins et des infirmières. Toute cette équipe évolue sous les ordres d’un directeur de clinique plutôt barré, Mr Allomby. Ce dernier souhaite mener à terme une expérience exceptionnelle et absolument poétique à ses yeux, mais qui nous semble plutôt folle et cruelle. Le docteur Quintana nous fait le récit des événements (par la même occasion, il confesse sa folle attirance pour l’infirmière en chef, Menéndez) et l’escalade de ce que l’on pourrait qualifier d’horreur, l’expérience : une série de décapitations à la guillotine avec pour but de relever par écrit les dernières paroles prononcées par les têtes coupées au cours des neuf secondes de conscience qui suivent la décapitation. Mais pour cela, il faut trouver des cobayes humains.
Roman sur la frénésie d’expérimentation de la science du début du XXe siècle.
EXTRAIT
Il existe, semble-t-il, une relation directe entre la tristesse et la décalcification, que la plupart des enfants ignore et qui, petit à petit, les laisse la bouche vide s’ils se laissent gagner par l’obscurité. Les dents se déchaussent, les gencives cèdent, jusqu’au jour où l’on en perd une en mordant doucement dans une pêche. Alors on arrête de sourire et la tristesse se fait plus grande, le calcium diminue, et le reste s’effondre. Mes dents de lait tombent toutes en même temps et les définitives mettent des années à sortir. On me fait manger en conséquence. De la bouillie. Mes os deviennent fragiles : si quelqu’un me touche, il me pulvérise. J’oublie ce qu’est un sandwich. Exister, c’est pouvoir mastiquer ; tandis que j’attends mon tour pour exister, on m’envoie étudier le piano, mais je suis bien médiocre. Peut-être que j’utilise la mauvaise moitié de moi.
CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE
- « Un roman bicéphale étayé par deux récits siamois, autonomes mais interconnectés par de subtils filaments nerveux... » (Les Inrockuptibles)
- « La madrivore de Roque Larraquy : un sens de l'absurde à perdre la tête. » (Anaïs Heluin, Politis)
A PROPOS DE L’AUTEUR
Roque Larraquy est né à Buenos Aires en 1975. Il est scénariste pour la télévision et le cinéma et professeur à l’université. La madrivore (publié en 2010 aux éditions Entropía, Buenos Aires) est son premier roman.