Il y a quelques années, me conta mon excellent ami John Barnard Ashleigh, de Boston, nous avons eu aux États-Unis quelque chose qui ressemblait à votre affaire Landru. Seulement, c’était mieux, plus large et plus original, comme il convient à l’Amérique.
Le Landru américain s’appelait Abraham Plattner. Il était, à Hootanooga (Connecticut), l’un des membres les plus fervents de la chapelle des Darbystes, et passait pour faire honneur, par l’austérité et la profondeur de ses convictions, à cette secte non-conformiste, dont tous les adeptes se distinguent, d’ordinaire, par l’ardeur de leur foi. C’était un homme de taille moyenne, même plutôt petite, mais grave, l’air ferme et doux, avec des yeux d’un éclat singulier qu’il tenait presque toujours baissés, et une belle barbe. En somme, vous le voyez, assez semblable à votre Landru. Il édifiait la congrégation. Les femmes surtout l’écoutaient avec une confiance passionnée, mais il semblait demeurer indifférent à ces hommages muets et brûlants. Du reste, il était marié, père de famille.