Visages de Descartes
Om bogen
I. Le Démolisseur : 1/ Le doute vécu : Discours de la Méthode, fragment de la première partie. 2/ La méthode : Discours de la Méthode, fragment de la 2e partie. 3/ Le doute sérieux : Méditations métaphysiques, I. II. Le constructeur : 1/ Le métaphysicien : le moi : Méditations métaphysiques, II. Le monde : Méditations métaphysiques, II. Dieu : Méditations métaphysiques, III. 2/ Le physicien : Traité des Météores, premier discours. 3/ Le biologiste : lettre de mars 1638. III. Le sage : 1/ Le culte de la vie : à Mersenne, 9 janvier 1639. 2/ L'urgence de la morale : Discours de la Méthode, 3e partie. 3/ La morale du contentement intérieur : à Elisabeth, 4 août 1645. 4/ La générosité : Traité des Passions, 3e partie, art. 152 et 153. A l'aube de la civilisation moderne, se lève, éclatant et résolu, le génie de Descartes. Un monde se meurt : on ne peut en accuser Descartes qui est né dans les désordres et l'obscurité d'un siècle où toutes les valeurs sont contestées, les structures croulantes, et où l'inquiétude des esprits est à son comble. La belle ordonnance médiévale s'est défaite, l'équilibre rompu, et les découvertes de l'humanisme n'ont été qu ela recherche tâtonnante de l'homme, angoissé devant son destin nouveau, sa liberté d'adulte. Le seul recours esst pour l'instant en soi-même : Montaigne l'a enseigné. Mais que peut-il sortir de bon de l'homme seul ? Le jeune Descartes a vécu sérieusement ce "mal du siècle". Le discours nous conte, douloureusement même pour qui sait le lire, sa déception d'adolescent, gourmand de vérité, à la sortie du collège. Comme Montaigne, il choisit de rentrer en soi-même, mais sans faire taire en lui cet appel de vérité, ce désir de "voir clair" en ses actions pour "marcher avec assurance en cette vie". Il sait déjà que le prix de la vie est dans la connaissance que nous avons de ses raisons et des valeurs spirituelles qui l'éclairent. Ces raisons de vivre et ces valeurs, il est résolu à les trouver coûte que coûte : il lui faut un ciel et une terre novuelle. Sans hésiter, l'enthousiasme même d'une nuit fiévreuse lui semblant un ordre divin, il se met en marche, "Descartes, nous dit Péguy, ce cavalier français qui partit d'un si bon pas".