La maison des Rossignols
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Extrait
| I
Transis par l’aigre bise qui soufflait, en cet après-midi de mars, les passants hâtaient leur marche, peu soucieux de flânerie. Une pluie, mêlée de grésil, commençait à tomber... Pour s’en préserver, une fillette qui sortait d’une fruiterie ramena sur ses cheveux blonds le châle couvrant ses épaules et se mit à courir, souple et légère comme un feu follet. En deux minutes, elle eut atteint une grande maison de rapport, très vieille, sous la voûte de laquelle disparut sa frêle petite personne.
Au-delà d’une cour étroite et noire, un autre bâtiment se dressait, haut de cinq étages, noir, lézardé, percé de fenêtres nombreuses. L’enfant s’engagea dans le couloir de ce corps de logis et commença de gravir l’escalier étroit, mi-partie brique et bois. La rampe usée, graisseuse, les murs d’un vert déteint, d’où se détachaient de larges plaques, les relents de cuisine et de lessive, tout annonçait le logis de pauvres.
Au troisième étage, une femme qui descendait dit à la fillette, au passage :
– Bonsoir, mademoiselle Lilian... Comment va votre maman, ces jours-ci ?
– Pas très bien toujours, madame Justine.
– Eh ! la pauvre dame, c’est le temps qui fait ça probable. S’il venait un peu de soleil, ça la remonterait tout de suite.
Lilian soupira.
– Je ne sais trop... Elle est si, si fatiguée !
Puis, adressant un amical bonsoir à la femme, une voisine de palier très complaisante, elle continua son ascension, jusqu’au cinquième, où elle s’arrêta devant une porte qu’elle ouvrit...|