Éloge de la paresse
Tietoa kirjasta
Imaginez un château.
Un château vous plaira. Et non pas une vaste fabrique rétablie à grand frais, comme un musée, mais une demeure.
La grosse tour de l’ouest est du XIIIe. La légende veut, comme toujours, que ses fondations remontent jusqu’aux Romains. La tour du levant est du XVe, avec une porte si basse qu’il faut se baisser, curieux vestige d’un âge antérieur. Entre elles, tout le corps de logis est d’une Renaissance retouchée. La petite aile droite a double visage : Empire et Louis XVI.
Il est certain qu’une telle bigarrure serait laide dans un objet récent. Il n’est pas moins sûr que le château de B… est délicieux. Après tout, vous comprenez pourquoi. Chacun a subordonné ce qu’il apportait selon le goût nouveau à ce qu’il laissait par besoin ou par respect. Une sorte d’unité est venue de l’usage et de la succession. Le ciel angevin, pour finir, a doucement mûri ce fruit de greffe. Il vous est arrivé de découvrir au fond d’une belle allée donnant sur la route une de ces maisons qui vous troublait soudain comme une femme. Et vous souhaitiez d’y vivre.