Juliette au pays des hommes
Tietoa kirjasta
Juliette doit épouser Gérard. Elle se découvre soudain fiancée à un homme provincial, prosaïque : « Alors qu’elle-même se sentait ce soir de nature interstellaire, elle trouvait à la parole de Gérard un timbre terrestre qui le situait aussi impitoyablement sur cette planète qu’un accent bordelais vous situe à Bordeaux. Juliette eut le sentiment qu’elle allait épouser, qu’elle aimait, l’homme le plus provincial de l’infini, […] elle avait à délivrer, elle ne savait où, la vraie Juliette qui viendrait redonner du goût à cette nuit et à cette nature. Il y avait à délivrer Juliette de tous ceux qui la tenaient, sans le savoir d’ailleurs, emprisonnée. Ou plutôt il lui fallait rassembler pour la nuit de noces toutes ces Juliettes données par elle à des passants, à des inconnus, à des jeunes gens dont quelquefois elle avait entendu seulement le nom, parties d’elle à ces heures de demi-clarté ou de demi-désir propices aux matérialisations. »
Elle part donc revisiter ces hommes survivants des rêves de son adolescence. Elle va trouver en eux des symboles, archétype de péché capital ou coquilles vides, du vaniteux à l’écrivain raté, du savant maniaque au violeur : « Vérificatrice de l’irréel, de l’inimaginable, du non-révolu, Juliette s’étonnait de retrouver les êtres qu’un de ses désirs d’enfant avait attirés un quart d’heure à l’existence emportés désormais par l’âge, soumis au contrôle des concierges, et marqués, pour qu’elle n’eût pas de doute sur leur qualité humaine, d’une dent d’or ou d’un coryza. » Seul, le narrateur-écrivain assure, le temps de lire à Juliette sa « Prière sur la Tour Eiffel », un rapport plus équilibré entre pulsions et raison.
Ce voyage initiatique « à la Jérôme Bardini » mais au féminin ne manque pas d’humour ni de digressions « à la Giraudoux ». Cette Juliette – dont le nom rappelle celle d’un certain marquis – fera, entre imaginaire et réalité, un apprentissage que vous lirez avec délices.