Le Double Jardin
Tietoa kirjasta
Pelléas avait un grand front bombé et puissant, pareil à celui de Socrate ou de Verlaine ; et sous un petit nez noir et ramassé comme une affirmation mécontente, de larges babines pendantes et symétriques faisaient de sa tête une sorte de menace massive, obstinée, pensive et triangulaire. Il était beau comme un beau monstre naturel qui s’est strictement conformé aux lois de son espèce. Et quel sourire d’obligeance attentive, d’innocence incorruptible, de soumission affectueuse, de reconnaissance sans bornes et d’abandon total illuminait, à la moindre caresse, cet adorable masque de laideur ! D’où émanait-il, au juste, ce sourire ? Des yeux ingénus et attendris ? des oreilles dressées vers les paroles de l’homme ? du front qui se déridait pour comprendre et aimer, des quatre dents minuscules, blanches et débordantes, qui sur les lèvres noires rayonnaient d’allégresse, ou du tronçon de queue qui, brusquement coudé, selon la coutume de la race, s’évertuait à l’autre extrémité pour attester la joie intime et passionnée qui remplissait un petit être heureux de rencontrer une fois de plus la main et le regard du dieu auquel il se livrait ?