Aimer Molière
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L'histoire d'un comédien nommé Molière racontée comme une pièce de théâtre ...Enregistrement avec les personnages de Molière (Harpagon, Alceste, Dom Juan.....) joués par les acteurs de la Comédie Française. Le notaire procéda solennellement à la lecture du contrat. Quand tous eurent signé, on déboucha les bouteilles et on but, abondamment, à la gloire de Madeleine et à la prospérité de la nouvelle troupe. "Nous la nommons l'Illustre Théâtre", dit Beys, lyrique. - A l'heureux destin de l'Illustre Théâtre ! reprit-on en trinquant une fois de plus. Madeleine et Jean-Baptiste choquaient leur verre avec une secrète solennité : ce contrat, c'était un peu leurs épousailles. Ah ! s'il n'y avait pas eu Madeleine ! A elle seule, elle valait plus qu'eux tous. Ce n'était plus seulement en amant que Jean-Baptiste apprenait à la chérir, mais ne camarade de combat. Toujorus avisée, l'esprit net, le jugement clair, infatigable, elle faisait des comptes, préparait des baux et des marchés, négociait aussi bien avec un maître paumier qu'avec un auteur à succès, gracieuse comme pas une femme, pratique comme bien peu d'hommes. Jean-Baptiste admirait d'autant plus ces qualités chez sa maîtresse qu'il en était mal doué lui-même. Sa fougue et son impatience l'emportaient toujours. elle le retenait, lui enseignait la pondération, l'exhortait au calme, se révélait la plus solide des amies tout en demeurant la plus ardente des maîtresses. Le grand jour arriva enfin : le 1er janvier 1644, l'Illustre Théâtre ouvrit ses portes - ou plutôt sa porte. La veille, Madeleine avait dit à Jean-Baptiste : "Votre père doit être bien irrité. Tâchons de ne point le fâcher outre mesure. Epargnez-lui de voir son nom dans les chroniques. D'ailleurs il est peu sonore et peu fait pour la célébrité, ce nom de Po-que-lin. Faites comme font presque tous les comédiens, choisissez un nom d'emprunt bien poétique. - Vous trouvez qu'il n'est pas assez de Bellerose, de Beauchâteau, de Belleforêt... et de Beauchamp parmi nous ! - Non, je rêverais pour vous de quelque nom moins commun, il en est un que j'aurais voulu prendre pour moi-même, si je n'avais eu intérêt à garder celui que ma mère avait déjà porté dans quelques troupes et que l'on connaissait. Voyez-le imprimé en tête de ce vieux roman. C'était déjà, je pense, un nom de guerre pour l'auteur qui, d'ailleurs, est mort il y a beau temps. Ce roman m'avait ravie jadis, et j'aimais à prononcer ce nom..." Jean-Baptiste rêva quelque temps, puis, un peu au hasard et pour satisfaire Madeleine : "Soit", dit-il. Et, prenant la distribution de la pièce qu'ils allaient jouer, il effaça le nom de Poquelin et inscrivit à la place en grosses lettres : MOLIERE.