L’aphasie et les maladies du langage
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La faculté du langage a de tout temps excité l’intérêt des philosophes : Aristote, Locke, Leibniz, Condillac, en ont fait le sujet de leurs méditations. Par l’analyse psychologique, ces grands esprits sont arrivés à des théories ingénieuses et profondes qui ont élucidé beaucoup de points obscurs. Cependant on a pu, après eux, émettre d’autres théories qui paraissent plus conformes à la vérité. C’est qu’en effet l’étude du langage a été singulièrement facilitée par la connaissance d’une maladie étrange, l’aphasie, qui, privant subitement un individu de la faculté de parler, nous permet d’observer l’intelligence d’un homme qui ne peut plus prononcer un seul mot, et nous offre en quelque sorte une expérience toute faite. Ainsi la psychologie peut trouver dans l’examen des phénomènes naturels un avantage considérable...
Quoique l’aphasie ne soit pas une maladie fréquente, il est facile d’observer des sujets qui en sont atteints. On les garde en effet fort longtemps dans les hôpitaux, et, comme presque toujours ils ont un côté du corps paralysé, on les fait passer ensuite à Bicêtre ou à la Salpêtrière, et là ils sont soumis de nouveau à des investigations minutieuses. C’est ainsi que nous possédons un certain nombre d’observations : elles sont toutes intéressantes, car on peut presque dire qu’aucune d’elles ne se ressemble, et qu’il y a toujours part au nouveau et à l’imprévu. Nous nous contenterons d’en donner quelques exemples; ils nous montreront une variété inattendue dans les différentes manifestations du langage, et en même temps une analogie frappante entre tous les faits.