La liberté de conscience est certainement la plus nécessaire de nos libertés ; elle est la condition et la source de toutes les autres. C’est comme créatures pensantes que nous portons la responsabilité de notre avenir ; et quand on étouffe la force de la pensée ou qu’on en contrarie le développement, on nous ôte du même coup le droit et les moyens de disposer de notre volonté.
La question de la liberté de conscience sera donc toujours une question vitale pour toutes les sociétés, et son importance en morale et en politique ne fera que s’accroître avec les progrès de la civilisation. Seulement, comme la liberté religieuse est d’un ordre très-élevé, et n’a pas un rapport direct et facilement saisissable avec les besoins matériels, ce n’est guère que sous le coup d’une provocation directe que la foule arrive à s’émouvoir pour les intérêts de la pensée. Quand les lois sont douces, et les mœurs tournées plutôt à l’indifférence qu’au fanatisme, les défenseurs de cette liberté abstraite, dont on ne sent pas vivement le besoin, et dont on ne voit pas clairement l’absence, s’attirent presque à coup sûr le mauvais renom d’agitateurs.