Avec un œil sur la mer pour apercevoir le signe d’une baleine, quelqu’une parle. En parlant, elle fouille, elle va retracer l’origine du trou en elle. « Quel monstre ce trou. »
L’exploration s’articule en phrases démantelées, rafistolées, comme ça vient. Vaillante, ricaneuse, la narratrice cherche son âge. Elle retourne en enfance, où elle attrape quelques souvenirs puants. Quand la honte déborde, une voix surgit, venue d’en haut, assénant une pluie d’insultes sur sa tête. « Petite et sale et rien, maudite croûte, maudite effritée de l’ancêtre qui remonte, maudite grafignée du plat, maudite perte, maudite ostie. »
La bouche pour montrer une série de lames est le dialogue intérieur d’une Jonas qui pisse dans le ventre de la baleine, une enfant jamais adéquate, une ouvrière du sens de sa vie, une plaideuse agile qui aiguise notre oreille pour qu’on entende son chant « toujours sur une fréquence étrangère ».