La maison que louait aux étrangers le docteur Andrianivoune était à Soraka, faubourg de Tananarive, au-dessus du lac Anosy. Un ménage français l’avait habitée jadis, et s’y était sans doute aimé : deux pièces, tendues de délicates perses roses, indiquaient encore d’anciens raffinements, le passage d’une jeune Européenne dont les yeux et les doigts s’étaient distraits et charmés à orner la passagère demeure que lui donnait l’exil. Dans le jardin, des rosiers moussus achevaient de s’ensauvager et de mourir, des caféiers non taillés ne portaient plus de graines ; mais les lilas du Japon avaient crû, hauts à présent comme les ormeaux de nos contrées ; des pêchers en plein vent formaient une bruissante broussaille, qui se heurtait aux vieux murs.