Anna Karénine
Description of the book
|Anna Karénine est un roman de Léon Tolstoï paru en 1877. Il est considéré comme un chef-d’œuvre de la littérature. L’auteur y oppose le calme bonheur d’un ménage honnête formé par Lévine et Kitty Stcherbatskï aux humiliations et aux déboires qui accompagnent la passion coupable d’Alexis Vronski et d’Anna Karénine.
Présentation
| Anna Karénine est une jeune femme mariée à Alexis Karénine, fidèle et mère d’un jeune garçon Serge. Anna Karénine se rend à Moscou chez son frère Stiva Oblonski. En descendant du train, elle croise le comte Vronski. Anna tombe amoureuse de Vronski, cet officier brillant, mais frivole. Elle lutte contre cette passion et finit pourtant par s’abandonner avec un bonheur coupable au courant qui la porte vers ce jeune officier. Puis Anna tombe enceinte. Se sentant coupable et profondément déprimée par sa faute, elle décide d’avouer son infidélité à son mari…|
|Wikipedia|
Extrait
| CHAPITRE PREMIER
Tous les bonheurs se ressemblent, mais chaque infortune a sa physionomie particulière.
La maison Oblonsky était bouleversée. La princesse, ayant appris que son mari entretenait une liaison avec une institutrice française qui venait d’être congédiée, déclarait ne plus vouloir vivre sous le même toit que lui. Cette situation se prolongeait et se faisait cruellement sentir depuis trois jours aux deux époux, ainsi qu’à tous les membres de la famille, aux domestiques eux-mêmes. Chacun sentait qu’il existait plus de liens entre des personnes réunies par le hasard dans une auberge, qu’entre celles qui habitaient en ce moment la maison Oblonsky. La femme ne quittait pas ses appartements ; le mari ne rentrait pas de la journée ; les enfants couraient abandonnés de chambre en chambre ; l’Anglaise s’était querellée avec la femme de charge et venait d’écrire à une amie de lui chercher une autre place ; le cuisinier était sorti la veille sans permission à l’heure du dîner ; la fille de cuisine et le cocher demandaient leur compte.
Trois jours après la scène qu’il avait eue avec sa femme, le prince Stépane Arcadiévitch Oblonsky, Stiva, comme on l’appelait dans le monde, se réveilla à son heure habituelle, huit heures du matin, non pas dans sa chambre à coucher, mais dans son cabinet de travail, sur un divan de cuir. Il se retourna sur les ressorts de son divan, cherchant à prolonger son sommeil, entoura son oreiller de ses deux bras, y appuya sa joue ; puis, se redressant tout à coup, il s’assit et ouvrit les yeux.
« Oui, oui, comment était-ce donc ? pensa-t-il en cherchant à se rappeler son rêve. Comment était-ce ? Oui, Alabine donnait un dîner à Darmstadt ; non, ce n’était pas Darmstadt, mais quelque chose d’américain. Oui, là-bas, Darmstadt était en Amérique. Alabine donnait un dîner sur des tables de verre, et les tables chantaient : « Il mio tesoro », c’était même mieux que « Il mio tesoro », et il y avait là de petites carafes qui étaient des femmes. »..|