Certains auteurs se contraignent à aller sur « le plateau » aux côtés du directeur. Et là, ils examinent le décor avec une attention exagérée, et donnent des conseils dégagés, si l’on change le placement d’un meuble. Il est bien visible, n’est-ce pas ? qu’ils n’ont aucune émotion et que, seuls, les détails de métier les préoccupent… D’autres semblent diriger leurs pas errants vers quelque loge d’actrice. On leur montre une toilette qu’ils ne connaissent pas, car il arrive qu’on change une toilette après la répétition des couturiers, quand on a vu qu’elle s’assortissait mal avec le décor. L’auteur admire la robe, avec des paroles distraites et hyperboliques. Il se dit qu’il reste au milieu du second acte une scène qu’il aurait bien dû couper. Il ne l’a pas fait parce qu’en la coupant il diminuait encore le rôle de cette artiste, qui se plaignait déjà. Pourquoi n’a-t-il pas obéi, selon son devoir, à son égoïsme d’auteur, qui doit tout sacrifier au succès de sa pièce ? Il quitte, sans même se douter qu’il s’en va, la loge de la jeune femme, et se trouve en présence d’un domestique en culotte courte, qui lui tend la main…