Anita
Tietoa kirjasta
Anita se trouva donc libre d’errer de longues heures sous les tilleuls. Le printemps arrivait, et avec lui se montraient les petites feuilles vert tendre, les oiseaux gazouilleurs, le doux soleil qui dorait les murs gris et les vieux troncs crevassés et faisait étinceler les vitres de l’orangerie. Ce bâtiment, situé au fond du jardin, était depuis longtemps déchu de sa destination primitive. Des vitres manquaient, d’autres montraient de lamentables fêlures. À l’intérieur, c’était un assemblage hétéroclite d’objets hors d’usage. Sur une paroi, un rosier étendait ses branches déjà garnies de petites pointes vertes.
Anita, s’étant assurée que nul n’en prendrait ombrage, fit sa retraite de cette orangerie. Avec une étonnante adresse, elle sut lui donner un aspect bien rangé et presque élégant. Les objets les plus laids, relégués dans un coin, se trouvèrent à peu près cachés par une vieille armoire aux massives ferrures, et tout ce qui avait encore quelque apparence fut disposé avec un goût inné, un sens artistique très remarquable chez une enfant et qui montrait bien en elle la fille de Bernhard Handen, le délicat, le poète qui n’avait pu trouver son idéal dans la maison de ses savants ancêtres. Et cette tendance héréditaire se révélait mieux encore dans les détails : quelques fleurs baignant dans un vieux vase écorné ou dans une coupe de cristal sans pied, des assiettes de faïence choisies parmi les moins ébréchées, quelques tableaux suspendus çà et là avec l’aide de Charlotte, trop heureuse, l’excellente femme, de voir l’enfant se distraire à cette besogne...