Le candélabre du temple
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Extrait
| I
– Du soleil !... Enfin, enfin !
En parlant ainsi, Carolia d’Eichten se levait et s’approchait d’une fenêtre ouverte. Elle pencha au dehors sa tête blonde et la retira presque aussitôt, une goutte d’eau ayant eu l’indiscrétion de tomber sur le front blanc auréolé de petites boucles savamment disposées.
– ... Il fera bon pour une promenade, Siegbert... pourvu que nous nous chaussions en conséquence, naturellement.
Elle se tournait vers l’intérieur de la pièce – un vaste et beau salon garni de meubles anciens de grande valeur.
Une femme d’une quarantaine d’années, blonde et forte, vêtue de faille noire, travaillait à une broderie, non loin d’un jeune homme qui feuilletait un vieux livre à reliure fanée. Interpellé ainsi par Carolia, ce dernier leva la tête, et ses yeux d’un bleu foncé, au regard volontaire, s’adoucirent légèrement en s’attachant sur le frais visage, sur le regard caressant qui semblait lui adresser une sorte de prière.
– Je suis à votre disposition, Carolia. Mais j’irai auparavant prendre des nouvelles de mon père.
Il posa le livre sur une table voisine et se leva, développant sa haute taille souple et mince, dont un vêtement de coupe parfaite accentuait encore l’élégance.
La laideur proverbiale des comtes de Hornstedt n’existait pas chez lui. Sa mère, une Hongroise, célèbre pour sa beauté, lui avait donné ses traits, son épaisse chevelure brune aux larges ondulations et ses yeux dont les admirateurs enthousiastes de la charmante comtesse disaient : « On ne trouverait pas d’étoiles comparables à eux. » Mais il tenait bien de la race paternelle sa façon altière de porter la tête, et la rare intelligence, l’orgueilleuse volonté qui se discernaient aussitôt sur cette jeune physionomie.
– Je suis vraiment inquiet de sa santé, continua-t-il en se rapprochant de Mlle d’Eichten. Ce voyage à Vienne l’a complètement abattu...|